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Pourquoi le bien-être ?

Les médecins plus âgés nous plaisantent avec des histoires de guerre sur les fameuses gardes de 48 heures, l’épuisement professionnel comme conséquence occasionnelle du métier de médecin et le sentiment débridé que notre génération valorise avant tout le style de vie. Au cours de la dernière décennie, il y a eu un changement culturel promouvant l’idéologie du médecin, guéris-toi toi-même. Mais quelle est notre place, en tant qu’étudiants en médecine, dans ce paradigme ?

 

L’enseignement du bien-être fait partie des critères d’accréditation des programmes d’études médicales de premier cycle et de troisième cycle. Mais est-ce suffisant de suivre des cours sur le bien-être mental, physique et financier ? En discutant avec mes collègues, j'ai l'impression que nous ne serons pas confrontés aux épreuves et aux tribulations du métier de médecin avant de nombreuses années… mais est-ce vraiment vrai ? Les données récentes sur le bien-être des stagiaires sont alarmantes. La Fédération Médicale Étudiante du Québec (FMEQ) a interrogé les étudiants en stage du Québec sur leur bien-être et a constaté que :

  • 49.1% est plutôt ou entièrement d’accord avec l’affirmation selon laquelle « mes études ont un impact négatif sur d’autres domaines de ma vie »
  • 17,4% d'élèves pleuraient chaque mois, 3% pleuraient tous les jours
  • 3.4% ont reçu un diagnostic de dépression
  • 55,5% des étudiants avaient remis en question leur choix de carrière
  • 17,5% avait envisagé le suicide (6 étudiants avaient un projet précis; 2 étudiants avaient tenté de se suicider)

 

Quelles que soient les différences entre les milieux d'enseignement du Québec et de l'Ontario, ces chiffres m'ont surpris. Ces tendances nous suivent de la faculté de médecine à la résidence et éventuellement à la pratique. L’étude Happy Docs de l’Association canadienne des stagiaires et résidents (Cohen et coll., 2008) révèle ce qui suit :

  • 33% des résidents ont déclaré que leur vie était « assez » à « extrêmement » stressante
  • 17% de résidents ont fait face à leur stress grâce à l'alcool
  • 23% des résidents poursuivraient une autre carrière s'ils le pouvaient

 

De plus, les données de l'Enquête sur la santé des médecins au Canada (2008) et de l'étude de l'AMC sur l'épuisement professionnel des médecins (2003) révèlent :

  • Près de 251 médecins TP3T (291 femmes TP3T, 201 hommes TP3T) ont déclaré s'être sentis « tristes, déprimés ou déprimés » pendant une période d'au moins deux semaines consécutives au cours de l'année précédente (presque le quadruple du chiffre de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2002).
  • 45,7% des médecins canadiens se trouvent à un stade avancé d'épuisement professionnel.

 

Ces quatre études montrent une culture de médecins malades. Lorsque je demande où se situent les étudiants en médecine dans le paradigme changeant du bien-être des médecins, la réponse est évidente : à chaque étape. Les étudiants en médecine qui valorisent le bien-être et en font la promotion auprès de leurs pairs développeront de bonnes habitudes qui les suivront tout au long de leur carrière. Je sais que chacun de mes camarades de classe dispose de moyens différents pour atteindre son bien-être personnel – qu'il s'agisse d'aller au gymnase, de cuisiner, de bloguer sur ses histoires d'externat ou de débriefer avec des amis. Quelle que soit la manière dont nous y parvenons, il existe un consensus général sur le fait que nous avons choisi un cheminement de carrière stressant, qui nous oblige à prendre soin de nous-mêmes pour mieux prendre soin de nos patients. J'espère que cet article de blog et ces données vous rappelleront l'importance de maintenir votre propre bien-être personnel et vous encourageront à publier sur la façon dont vous atteignez le bien-être dans vos activités quotidiennes.

 

Soniya S., Université Queen's

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